16 Nov 2015
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Quand revenir ici? Comment? Sans froisser, sans bousculer, sans heurter, en se demandant sans cesse si ce n’est pas trop tôt ou si c’est le bon moment? Si c’est la bonne manière? Il n’y aura finalement jamais de bon moment je crois. Demain, dans une semaine, dans un mois? Qu’importe, la douleur restera la même et nous n’aurons pas oublié. Je suis, comme nous tous, plus que jamais bouleversée. Les mots, les images et les sentiments ne font que s’emmêler et s’entrechoquer dans mon esprit sans parvenir à s’apaiser ni à trouver un ordre rationnel. Encore très à vif de cette cruauté sans nom qui nous a touchés en plein coeur. Une cruauté qui existe au quotidien dans le monde entier et il aura fallu qu’elle touche si brutalement le coeur de la dame de fer pour que nous en prenions conscience.
J’ai eu envie d’écrire quelques mots, alors je le fais ici. La plume sera mon exutoire même si elle est plus qu’hésitante et douloureuse. Quelques mots probalement très décousus et maladroits qui me paraissent si insignifiants et égoïstes face à la douleur de certains mais ce sera ma manière à moi d’essayer d’avancer. Petit à petit, pas à pas, pour essayer de retrouver une légèreté pour le moment envolée. J’ai le coeur si lourd, lourd de cette tragédie qui résonne si fort l’injustice. Meurtri et inconsolable.
Et puis j’ai peur. Peur que tout recommence, peur de certains gestes du quotidien. Peur de la réalité qui surgit si violemment. Peur de ce mot, « guerre », de ces actes. Je sais qu’il faut avancer mais c’est dur. Je me fais violence parce qu’il le faut. Pour leur prouver qu’ils ne gagneront pas. Jamais. Qu’ils ne réussiront pas à nous diviser. L’insouciance reviendra probalement, peut-être différemment, peut-être ce soir, demain ou plus tard je n’en sais rien.
Cette photo, si symbolique à mes yeux, a été prise de ma chambre de la maternité il y a deux mois. Je me trouvais très chanceuse de pouvoir profiter d’une telle vue depuis mon lit, je trouvais notre ville lumière rayonnante dans ses dernières lueurs du jour alors que notre Tour Eiffel se dressait majestueusement dans un ciel rosé et que je venais de donner la vie. Je me sentais pleine de vie.
Cette même vie qui a été arrachée si injustement à tant d’innocents vendredi soir. Si cruellement que mes pensées s’en glacent. Ce vendredi qui nous a rappelé combien la vie pouvait être dure et amère, noircissant soudainement le ciel parisien, meurtri et déchiré, le comblant de nouvelles étoiles montées bien trop tôt.
Aujourd’hui je pense plus que jamais à eux, à leurs familles et à leurs proches. A ceux qui se battent encore aussi.
Aujourd’hui plus que jamais j’ai envie de garder espoir. Que la vie surpasse la mort. Que nous soyons unis.
Que nos larmes soient séchées par la tolérance et le respect, que nos coeurs soient apaisés par la fraternité et l’amour.
Que l’injustice, la haine et la violence soient méprisées et enterrées à jamais. Que la peur nous pousse à nous surpasser et nous donne le courage de reprendre le cours de notre vie, parce qu’il le faut, même différemment.
Que la vie triomphe par l’amour.
Que nous n’ayons pas peur de rire, chanter, aimer, danser, rêver. Que nous puissions continuer à célébrer la vie comme nous l’avons toujours fait.
Car oui nous nous devons de vivre et d’embrasser la vie pour tous ceux qui sont partis trop tôt. A Paris et ailleurs, à tous ceux qui sont oubliés dans la banalisation des actes de guerre.
Oui, oui, oui à la vie!
Je vous envoie beaucoup d’amour et de tendresse. Profitez des vôtres et prenez soin de vous. Je vous embrasse ♥
** Illustration de Jean Julien
Catégorie : LIFESTYLE
❤️
Prend soin de †oi aussi :)
♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥
J’ai essayé d’écrire un peu, je pensais qu’il fallait que ca sorte mais j’ai pas pu. Ca doit sans doute etre trop tot. Pourtant j’ai repris ma vie aujourdhui, un resto et un concert.. Mais j’ai eu bcp trop peur. Même si je n’habite plus Paris depuis plus d’un an. Ca reste ma ville, ma vie. J’ai eu vraiment peur de perdre mes amis, ma famille. J’ai eu vraiment peur, l’attente interminable du fichu sms jusqu’au petit matin de mon frère à été horrible. J’ai pensé au pire. Mais oui comme tu dis cava prendre du temps, mais on va se reconstruire petit à petit sans oublier ce qu’est de sourire à la vie.
Très bel article. J’ai le même ressenti que toi et je pense que ce doit être la même chose pour tout le monde. La vie continue et il faut profiter de chaque instant. Prends soin de toi et ton petit bout <3
Je connais la sensibilité de Claire et je vous découvre. Votre texte m’a émue aux larmes
Cette petite et douce vie qui est entre vos mains c’est l’espoir,
La vie va continuer mais je crois qu’on ne pourra pas oublier tout ce drame. La vermine est là tout près mais nous la vaincrons. Séchons nos larmes ou laissons les couler mais crions de toutes nos forces Vive la France, notre beau pays
Je vous embrasse
Merci beaucoup pour votre petit mot et félicitations pour votre prix au concours de poésie!